Cessez-le-feu au Haut-Karabakh
Le 9 novembre, Moscou a annoncé la fin du conflit opposant l’Azerbaïdjan à la république d’Artsakh après un mois et demi de combats. Ce cessez-le-feu, négocié par la Russie, prévoit la restitution de 7 districts de l’ancienne République à l’Azerbaïdjan, tandis que les territoires restants, désormais enclavés malgré la persistance de deux corridors, seront occupés par une force de 2 000 soldats russes destinée à assurer sa sécurité. Cette nouvelle a entrainé la colère de nombreux arméniens qui reprochent à leur premier ministre Nikol Pachinian d’avoir signé cet accord et menti sur les chances de remporter une guerre qui a fauché nombre de jeunes hommes. L’Arménie est donc déstabilisée politiquement tandis que la Russie s’affirme un peu plus dans le Caucase, au nez et a la barbe de la Turquie dont le soutien à l’Azerbaïdjan a été décisif. Ce dernier retrouve des terres perdues en 1994, remportant un succès politique et militaire de taille, attendu depuis la dernière guerre.
Veille de présidentielles au Burkina Faso dans un contexte sécuritaire tendu
Vendredi 13, la France a annoncé la mort dans le cadre de l’opération Barkhane de Bah Ag Moussa, cadre opérationnel du Groupe de Soutien de l’Islam et des Musulmans (GSIM) issu de la fusion d’Ansar Eddine -qu’il a cofondé-, d'AQMI et d’autres groupes. Cette élimination fait suite à une large offensive internationale dans la zone « des trois frontières » entre Mali, Burkina Faso et Niger qui a permis l’élimination de dizaines de djihadistes. Malgré cette opération, la région reste extrêmement instable du fait de l’activité de différents groupes terroristes, alors que la Burkina Faso s’apprête à organiser ses élections présidentielles le 22 novembre. Mercredi 11 novembre, une embuscade a même tué 14 soldats dans ce pays qui selon l’ONG Acled compte 1 600 morts et un million de déplacés depuis 5 ans . L’irruption de groupes djihadistes sur son territoire a en effet fortement déstabilisé cet état trop faible pour pour protéger l’intégralité des régions menacées par le djihadisme. Les populations se sont alors retrouvées livrées à elles-mêmes, obligées de fuir ou exécutées sur place. C’est ce qui a motivé la création de Volontaires pour le Défense de la Patrie (VDP), des milices villageoises armés principalement par eux-mêmes et plus ou moins formés pour lutter contre les djihadistes. Il semblerait que certains groupes se révélent être des supplétifs utiles aux forces armées Burkinabées, fondus dans la foule, menant notamment des opérations de surveillance et d’arrestations. Mais beaucoup décrivent les VDP comme des bandes armées incontrôlables qui se rendraient coupable d’abus et même d’exactions, en particulier contre les ethnies différentes des leurs. Ils feraient leur loi sur leurs territoires, exécutant, extorquant, faisant chanter. Ainsi, la situation sécuritaire semble s’être encore complexifiée au Burkina Faso, à une semaine des présidentielles. On craint même que ces milices empêchent le bon déroulement du scrutin en interdisant à certains le vote, dans un contexte de haines intercommunautaires exacerbées et d’insécurité globale.
Semaine à enjeu pour la démocratie en Amérique du Sud
Ce dimanche 15 novembre se tiennent au Brésil des élections municipales qui pourraient faire changer les équilibres politiques d’un pays très heurté par la pandémie. Il fait ainsi face à un crash économique important, ainsi qu’à un fort taux de déscolarisation, tandis que la maladie a été très meurtrière avec plus de 165 000 morts pour environ 5,8 millions de cas. Malgré ces difficultés, le président Jair Bolsonaro conserve une cote de popularité record qui l’a poussé à ne pas trop s’investir dans cette campagne électorale, qu’il sait compliquée, et qu’il entend restreindre à l’échelle locale. Cela pourrait notamment s’avérer relativement bénéfique à la gauche brésilienne. Cependant, la campagne qui s’achève cette semaine a été entachée par l’assassinat d’en tout 82 militants et candidats dans le pays, selon le Centre d’étude de sécurité et de citoyenneté, prouvant que ces élections sont loin d’être innocentes. Elle a d’ailleurs vu le président Bolsonaro, plutôt réservé depuis plusieurs mois, reprendre son attitude provocatrice et insultante pour remobiliser ses supporters. Il risque donc de se jouer plus qu’un simple rééquilibrage des forces politiques lors de ce vote.
En parallèle, au Pérou, le président Martin Vizcarra, champion de la lutte contre la lutte anti-corruption, a été destitué lundi 9 novembre, après qu’une première tentative ait échoué en septembre. Beaucoup dénoncent un coup d’état alors que l’ancien président du Congrès, Manuel Merino, a remplacé l’ancien vice-président de Pablo Kuczynski, démissionnaire à cause d’accusations de corruption. La population Péruvienne s’est tout de suite opposée à son nouveau président et est sorite dans les rues par milliers. D’abord pacifique, la situation a vite dégénéré face à la répression de la police, et samedi 14, deux jeunes hommes ont été tués par balle. Dans la soirée, plus de la moitié du gouvernement a démissionné en réaction à cette répression. La situation est donc extrêmement tendue ce week-end dans le pays Andin où rien ne semble encore joué.

Benjamin Milkoff