Le mois de février ne s’annonce pas plus favorable que les précédents pour les démocraties. Ce lundi, 1er février, la Birmanie s’est réveillé au rythme d’un nouveau coup d’état, le quatrième depuis l’indépendance du pays. Les rumeurs d’un putsch militaire se vérifiaient, alors qu’était arrêtée Aung San Sur Kyi et d’autres élus suite à une élection législative remportée haut la main par son parti, le Ligue nationale pour la démocratie (NLD) contre le parti émanant de l’armée, le PUSD. Le général Min Aung Hlaing, chef de cette dernière, avait d’abord exigé un recompte des votes entachés selon lui de fraudes, avant de prendre le pouvoir lundi et déclarer un état d’urgence d’un an. Passé le choc, la Birmanie s’est rapidement rebellée contre ce retour au pouvoir que personne ne désire, au son d’aabord d’une cacophonie de poêles entrechoquées chaque soir. Puis, ce week-end, des dizaines de milliers de personnes ont défilé dans les rues de différentes villes du pays pour dénoncer ce coup d’état et réclamer la libération de Daw (Madame) Suu. Cette denrière, qui se retrouve à nouveau assignée à résidence comme elle le fut 15 années durant entre 1989 et 2010, est en effet vénérée par la population Birmane, en dépit du déclin de son image à l’international suite à son comportement vis-à-vis des massacres des Rohingyas. Si les manifestations de désobéissance civile ont pu s’exprimer ce week-end, une grande incertitude persiste quant à la réaction que lui opposera l’armée, coutumière des répressions sanglantes. La semaine qui s’ouvre pourrait donc être déterminante pour l’avenir démocratique du pays.

Manifestation à Rangoun le 6 février
En Russie, l’État a pris la parti de la répression. Cela fait trois semaines que l’opposant Alexei Navalny est rentré en Russie après son empoisonnement et qu’il a été arrêté à son arrivée à Moscou. Cette semaine, il a été condamné à trois ans et demi de prison pour avoir violé son contrôle judiciaire lorsqu’il était à Berlin en convalescence (cette peine comprend les 8 mois qu’il a déjà passés en prison avant d’être libéré sous contrôle). L’opposant étant aussi accusé dans d’autres affaires, les peines pourraient s’accumuler. En réponse, des milliers de Russes manifestent depuis trois semaines malgré la rudesse des forces de police et de leur répression. Résultat, alors que les premières condamnations à de courtes peines de prison ferme étaient prononcées cette semaine contre des manifestants, le nombre des arrestations a dépassé le nombre symbolique de 10 000. Josep Borrell, le haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères, était en visite en Russie en fin de semaine. Le jour de son arrivée, le Kremlin a annoncé l’expulsion de trois diplomates européens pour, selon les autorités, participation à des rassemblements en soutien d’Alexei Navalny. Moscou semble donc plus déterminé que jamais à museler celui qui est devenu l’opposant numéro 1 de Vladimir Poutine, tandis que la mobilisation populaire qu’il est parvenu à soulever pourrait faire craindre à certains le récent exemple Biélorusse.
L’italie, elle, est sortie de l’ornière cette semaine, avec la nomination par le président Sergio Mattarella de Mario Draghi à la tête du prochain gouvernement. Après une semaine de tractations infructueuses, Giuseppe Conte a perdu son pari : les différents groupes parlementaires ont échoué à se mettre d’accord pour former une nouvelle coalition, le futur gouvernement sera formé de techniciens. La nomination à sa tête de Mario Draghi, surnommé « super mario » depuis son passage à la présidence de la Banque Centrale Européenne où ils s’était fait le chantre du « whatever it takes » - expression reprise dans la gestion du COVID l’an dernier -. n’est pas une surprise. Il inspire confiance et son efficacité n’est plus a prouver. Mais les défis qui s’annoncent sont de taille, et le premier, l’élaboration d’un plan de relance avec les plus de 200 milliards d’euros alloués par l’Europe, a en partie coûté à son prédécesseur sa place.
Benjamin Milkoff