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Le Récap' du 14/03



Une semaine anniversaire


Cette semaine a inauguré une série de dates anniversaires peu réjouissantes. Mardi, le Japon commémorait la triple catastrophe de Fukushima, intervenue le 11 mars 2011, lorsqu’un séisme sans précédent avait lancé sur la côte Nippone un Tsunami ravageur, lui même à l’origine du plus gros accident nucléaire depuis Tchernobyl. L’occasion pour les médias du monde entier de revenir sur ces évènements dévastateurs, et surtout de faire le bilan de dix ans de gestion d’une situation très délicate. Car les réacteurs de la centrale Fukushima Daiichi entrés en fusion suite au tsunami nécessitent encore aujourd’hui d’être constamment refroidis. Or l’eau utilisée pour l’opération va bientôt atteindre les limites de son stockage, posant une question sensible : où déplacer les volumes contaminés pour faire de la place ? Une des hypothèses privilégiées, consistant à les déverser progressivement dans le Pacifique, est loin de faire l’unanimité, notamment auprès des pêcheurs de la région. Mais cette catastrophe a aussi eu de lourdes conséquences sanitaires. Outre la contamination d’une large population, surveillée de près pour prévenir de potentiels futurs cancers, le tsunami a aussi déplacé un grand nombre d’habitants, qui se sont retrouvés isolés dans la société japonaise depuis dix ans. Au point qu’une partie d’entre eux a eu recours au suicide. Dix ans après, l’État cherche à reloger les populations déplacées, et à faire oublier le drame en faisant valoir la reconstruction à travers les Jeux Olympiques. Cette date anniversaire rappelle que la catastrophe est encore loin d’être oubliée.



Une femme dans les rues en ruine de Palmyre, en 2016, suite à la reprise de la ville par l'armée régulière



Demain 15 mars, c’est la guerre civile syrienne qui entrera dans sa dixième année. C’est à cette date, en 2011, que la révolution syrienne a débuté avec les premières manifestations à Deraa, réprimées dans le sang. Leur origine : la torture de jeunes ayant inscrit sur le mur de leur école un graffiti entré dans l’histoire : « Jay alek el ddor ya doctor », « Ton tour arrive, docteur» - une menace directe à Bachar el-Assad dans la foulée du printemps arabe et de la chute de Zine El-Abidine Ben Ali puis Hosni Moubarak -. Dix ans plus tard, le pays est en ruines, 300 à 500 000 personnes sont mortes, plus de 10 millions sont réfugiées (5 millions) ou déplacées (6 millions), et différents acteurs étendent leur influence sur des parts plus ou moins importantes du territoire. Car si, avec l’appui des bombardements russes, l’armée régulière est parvenue à reconquérir l’axe Damas-Alep, la région la plus importante du pays, les autres lui échappent encore. Une milice pro turque tient le nord ; les Forces démocratiques syriennes, à majorité kurde et soutenues par la communauté internationale dans la lutte contre l’EI, l’est ; et même des restes de cette organisation terroriste née en Irak et qui s’est développée à la faveur de la guerre civile syrienne, continuent d’opérer dans le centre du pays. Aujourd’hui, le pays est le théâtre des rivalités étrangères, à l’image des récentes frappes étatsuniennes contre des milices chiites proches de Téhéran, à la frontière irakienne. Les réfugiés s’accumulent dans les pays frontaliers, vivant dans la misère tandis que d’autres s’aventurent sur les routes migratoires menant à une Europe pratiquant parfois systématiquement les pushbacks - le fait de d’arrêter des migrants et de les reconduire autoritairement à la frontière sans les laisser exercer leur droit de demander asile -, souvent accompagnés de violences et d’abus. Là aussi donc, cet anniversaire est l’occasion de faire le bilan d’une décennie de massacres, de tortures, de drames humains qui ont profondément bousculé le Moyen-Orient comme l’Europe à bien des égards.

Enfin, mardi dernier a marqué l’anniversaire du déclenchement du confinement en Italie, l’an dernier. Ce confinement général, le premier en Europe, avait rapidement été suivi d’autres comme en France dès le 17 mars. Depuis, la situation a grandement évolué : un quatrième vaccin, celui de Johnson & Johnson vient d’être autorisé en Europe, plusieurs variants accélèrent les contaminations, et certaines études commencent à alerter aussi sur une létalité supérieure, les confinements, reconfinements, couvre-feux et fermetures se sont enchaînés, et pourtant, demain, et jusqu’au 6 avril au moins, plus de la moitié de l’Italie se reconfinera. De cette ironie du calendrier, on retiendra surtout que malgré les campagnes de vaccination et les mesures de restriction, le souvenir du printemps dernier est peut-être plus proche qu’on ne l’espérait. Ce nouveau tour de vis fait évidemment écho à la situation en France où plusieurs régions dont l’Île de France connaissent une circulation du virus et une saturation hospitalière particulièrement importantes, et où la perspective d’un potentiel reconfinement anime l’actualité depuis des semaines.

Asie du Sud-Est : les difficultés des mouvements pro-démocratie

De Hong Kong à la Thaïlande en passant par la Birmanie, les mouvements pro-démocratie sont à la peine en Asie du Sud-Est. La session parlementaire annuelle Chinoise à entériné à l’unanimité cette semaine le projet de réforme du code électoral Hongkongais sensé sortir du jeu politique l’opposition. Les puissances internationales et notamment le Royaume-Uni ont protesté contre ce qui est considéré comme un viol du statut de l’ancienne colonie britannique, en vain. En Thaïlande, ce sont trois nouveaux meneurs de la fronde contre la monarchie qui ont été emprisonnés lundi pour crime de lèse-majesté. Un crime grave punissant toute insulte à la monarchie de peines de prison pouvant aller jusqu’à la perpétuité. Ils rejoignent ainsi quatre autres leaders contestataires emprisonnées un mois plus tôt au même motif. Ce faisant, le pouvoir a décapité un mouvement né il y a huit mois, impulsé par les étudiants, et qui s’essouffle dernièrement. Car à l’inverse du voisin birman, la répression est restée non létale, jouant le temps et l’affaiblissement de l’unité derrière les revendication pro-démocratie. Des manifestations continuent d’avoir lieu, mais peinent à réunir autant de monde qu’à l’automne dernier. Mercredi enfin, le Conseil de Sécurité de l’ONU a publié une déclaration unanime condamnant la répression de la contestation birmane et appelant l’armée à faire preuve de « la plus grande retenue ». Ce texte, qui engage notamment la Chine et la Russie jusqu’ici très modérées, a nécessité 5 jours de négociations. Cela s’en ressent dans les mots de la déclaration : il n’est fait mention ni d’un « coup d’état », ni de « sanctions » ni même de « responsabilité » de la junte. Si cette déclaration est une première dans cette crise et est portée d’une seule voix, elle reste donc relativement modérée. En parallèle, la grève générale se poursuit en Birmanie, de même que la répression. Six personnes sont mortes jeudi

Benjamin Milkoff


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