N’en déplaise au Père Noël, cette semaine encore l’actualité Européenne a été dense. Dès le week-end dernier, suite à l’annonce par les autorités Anglaises qu’une des variantes du covid apparue sur l’île en septembre circulait à un rythme élevé dans un quart sud-est du pays incluant Londres - qui a vu un retour des restrictions sanitaires précisément pour juguler sa circulation -, nombre de pays Européens, sans se concerter, ont progressivement fermé leurs frontières avec le Royaume-Uni. Ce variant n’est pas nécessairement plus dangereux, mais il se distingue des multiples autres variants apparus depuis le début de la pandémie par le fait qu’il serait entre 50 et 74% plus contagieux que le virus originel. En dépit de la fermeture des frontières, il a déjà été détecté en Italie, au Danemark, aux Pays Bas, et en France comme l’a révélé le ministère de la santé dans la nuit de vendredi a samedi. Mais cette mesure à probablement eu un effet bien plus important sur le Brexit. En effet, la fermeture de la frontière franco-anglaise, même quelques jours, a complètement bloqué la circulation des marchandises des deux cotés de la Manche. Or à travers cet axe passe 30% du traffic de marchandises Anglais. Les images des dizaines de camions bloqués des deux côtés de la Manche ont fait le tour des réseaux sociaux, et à moins de dix jours du départ définitif du Royaume Uni du marché intérieur Européen et donc de l’Union Européenne, elles ont été un argument de poids pour défendre un accord plutôt qu’un no deal sur les conditions de ce départ. Ce dernier signifierait en effet un retour des taxes et tarifs douaniers sur les marchandises, selon les normes de l’OMC, et gripperait une machine déjà fragile. Ce noeud logistique expédie les marchandises à flux tendu et le moindre ralentissement engendre déjà d’importants blocages, il est donc nécessaire d’éviter de le ralentir si on ne veut pas que se reproduisent ces images

Boris Johnson annonçant l'accord de libre échange avec l'UE le 24 décembre
Est-ce que cet avant-goût à été déterminant dans les négociations du futur traité de libre échange entre l’île et la communauté Européenne ? Toujours est-il que le 24 décembre, comme un symbole, les deux partis ont annoncé en début d’après-midi un accord, alors que depuis plus de 10 mois les équipes de négociateurs Anglaise, menée par David Frost, et Européenne sous la direction du Français Michel Barnier négociaient d’arrache pied pour déterminer la future relation commerciale entre le Royaume Uni et l’Europe. Les médias Anglais se sont empressés de titrer sur un « Brexmas » pour qualifier ce miracle de Noël, qui était loin d’être gagné. Si la question de la frontière Irlandaise en effet était déjà réglée au début du mois - par la création d’une frontière douanière en Mer d’Irlande et non entre les deux pays - , celles de la concurrence et plus encore de la pêche semblaient inextricables. Concernant la première, les Européens entendaient empêcher les Britanniques de pratiquer un dumping social ou environnemental à leurs frontières et désiraient que ces derniers s’alignent sur les normes Européennes en temps réel. Une chose inacceptable pour les Britanniques qui, comme le slogan très populaire « Take back control » l’indique, insistent sur leur volonté de maitriser à nouveau pleinement leur législation. En clair, les uns voulaient éviter une concurrence déloyale, et les autre de se faire imposer des normes. Un juste milieu a finalement été trouvé autour de la création de « clauses de non-régression » : l’UE n’impose pas que le Royaume-Uni suive sa législation, il est donc complètement souverain sur la question, mais si l’un ou l’autre estime que son partenaire s’éloigne trop de sa règlementation, il peut décider d’imposer des sanctions ciblées, par exemple à travers des tarifs douaniers. Car un des effets principaux de cet accord de libre échange est d’avoir évité le retour de taxes sur les marchandises échangées, représentant environ 700 milliards d’euros annuels. Cependant, des douanes seront bien établies pour contrôler ces biens, puisque le Royaume uni au 1er janvier quittera le marché intérieur et l’union douanière, et cela impliquera de remplir des déclarations avant d’expédier ses marchandises. Des économistes estiment que ces frictions aux échanges entraineront à terme des surcouts qui pourraient couter plusieurs points de PIB au Royaume Uni. Concernant la pêche, ultime point de négociation dans la nuit de jeudi, c’est le Royaume-Uni qui a le plus dû mettre de l’eau dans son vin. Il réclamait en effet initialement le retour dans son escarcelle de 80% des quotas de pêche Européens dans ses eaux - sa zone économique spéciale -, alors que les 27 n’étaient prêts à en céder que 15%. Si la pêche représente à peine 0,1% du PIB Britannique, ces eaux riches notamment en poissons gras sont très importantes pour les communautés qui les exploitent, et sont toutes déjà fragiles. Finalement, les deux partis se sont accordés sur un quota de 25%, renégociable annuellement à partir de 2026. La grande absente de ces négociations est la finance. La City, qui représente pourtant 7% du PIB Britannique, a été délaissée par les Brexiters et perd en conséquence son « passeport financier » qui lui permettait de vendre ses produits financiers à travers toute l’Union. Les conséquences devraient être lourdes pour cette place financière de premier rang. Autre point de cet accord de 1200 pages qui pourrait intéresser les étudiants qui me lisent, le Royaume Uni quittera le programme Erasmus à compter de janvier 2021. Dans la même veine, les Européens ne pourront plus s’installer en Angleterre sans permis de travail. Si donc un compromis, inespéré, a fini par être trouvé, Michel Barnier a préféré insister ce jeudi sur le fait qu’il s’agissait d’un accord perdant. L’avenir dira qui bénéficiera de cette résolution, et quelles seront ses limites, mais une chose est sûre : à compter du 1er janvier 2021, le Royaume Uni sera définitivement séparé de l’Europe, son marché unique, son espace Schengen.
Dans un registre plus bref, ce dimanche débute la campagne de vaccination Française, en même temps qu’en Italie ou encore en Allemagne, suite à l’autorisation lundi dernier par l’Agence Européenne des Médicaments des vaccins des laboratoires Pfizer et BioNTech. Selon les recommandations de la Haute Autorité de la Santé, la campagne Française se concentre dans un premier temps sur les personnes âgées dans les Ephad et non sur les soignants, à la différence de pays comme les États-Unis où la première personne vaccinée était une soignante en réanimation. Les raisons de ce choix sont pour la HAS le stock limité dont dispose la France (2 millions de doses, à raison de deux doses par personnes) et du fait qu’on ignore encore si les vaccins peuvent empêcher la propagation du virus.
En Hongrie, dimanche dernier, six partis d’opposition ont annoncé leur alliance en vue de faire barrage au parti de Victor Orban aux élections législatives de 2022. Si cette alliance est hétéroclite, réunissant tant un parti de gauche qu’un parti qui s’est fait remarquer ces dernières années pour ses positions antiroms et antisémites, elle pourrait permettre une victoire, à l’image des municipales de 2019 où déjà elle avait remporté un important succès, enlevant notamment la capitale Budapest.
Enfin, mercredi, une attaque dans l’ouest de l’Éthiopie a fait 207 morts, alors que le flou entoure encore la situation du Tigré, dans le nord, où le premier ministre Abiy Ahmed déclare avoir maté la rébellion. L’armée a été dépêchée dans la région de Benishangul-Gumuz ou à eu lieu le massacre, et y ont été tués 42 personnes, non identifiées mais présentées comme des participants au massacre. Selon les autorités locales, cette attaque, qui fait suite à plusieurs autres depuis quelques mois, serait motivée par des raisons ethniques.
Benjamin Milkoff