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Le Récap' du 28/02

Dernière mise à jour : 7 mars 2021

COVID, la fin du répit ?

Le mois de février s’était ouvert sur la décision forte de l’exécutif d’ignorer les voix qui parmi les scientifiques appelaient à un nouveau confinement, afin de préserver encore l’économie et surtout le moral des Français. Quatre semaines plus tard, la question du durcissement des mesures sanitaires refait surface et avec elle la crainte d’un nouveau pic épidémique. Le pari présidentiel s’était pourtant avéré payant jusqu’ici, le taux d’incidence au plan national s’étant maintenu à un niveau élevé mais relativement constant. Toutes les bonnes choses ont cependant une fin, et la première alerte est venue cette semaine du département des Alpes Maritimes. Le taux d’incidence y a largement dépassé le seuil d’alerte maximal fixé à 250 cas pour 100 000 habitants : lundi, alors qu’on y annonçait un nouveau confinement, local et limité au week-end, il s’élevait à 588 cas pout 100 000 habitants. À peine deux jours plus tard, c’est l’agglomération de Dunkerque (250 000 habitants) qui sa voyait imposer les mêmes restrictions tandis que son taux d’incidence dépassait les 900 cas pour 100 000 habitants. Aujourd’hui, vingt départements menacent de connaître à leur tour une flambée de contaminations. Le premier ministre Jean Castex a annoncé jeudi qu’ils seraient placés sous surveillance renforcée, afin de tenter d’endiguer en amont un potentiel pic de contaminations. Le mois de mars pourrait donc s’avérer décisif, entre d’un côté la course à la vaccination, et de l’autre les variants qui gagnent du terrain. Et entre les deux, la marge de manoeuvre risque de se rétrécir. Les prochaines semaines devraient à nouveau poser la question à l’exécutif, un mois après, de la nécessité ou non d’imposer aux Français de nouvelles restrictions, y compris un confinement si la situation dégénère trop. Pour l’instant en tout cas, on privilégie une stratégie nouvelle : celle d’une réponse locale et adaptative, visant à circonscrire les foyers, quitte à réinjecter une part de confinement. À condition du moins de ne pas perdre le contrôle…

Moyen Orient : Joe Biden passe à l’offensive

Jeudi, les États-Unis ont mené leur première opération militaire depuis l’investiture de Joe Biden. Une série de frappes a visé les positions d’une milice pro-Iran dans l’est Syrien, tuant au moins 17 combattants selon un décompte préliminaire établi par l’Observatoire syrien des droits de l’homme. Ces bombardements répondent directement à trois attaques à la roquette qui ont visé en une semaine plusieurs positions américaines en Irak et sont imputées à des milices proches de Téhéran. Elles ont causé la mort de deux personnes dont un civil. Ce regain de tensions, qui n’est pas sans précédents, intervient dans le cadre d’un début de retour au dialogue entre Washington et Téhéran au sujet de l’accord sur le nucléaire Iranien. Jusqu’ici, les deux rivaux continuent de se jauger, chacun attendant que l’autre cède du terrain avant d’entrer dans les négociations. Mais ils ont aussi commencé à lâcher du lest depuis deux semaines, Joe Biden renonçant d’abord à appliquer un train de sanctions tandis que Téhéran réaffirmait cette semaine la continuation des inspections internationales sur leurs installations nucléaires, même limitées.

La deuxième cible de Joe Biden cette semaine n’est autre que le prince héritier d’Arabie Saoudite, Mohammed Ben Salman (MBS). Ce dernier a profité de l’âge avancé (85 ans) du roi Salman pour écarter ses différents concurrents et s’arroger une grande partie du pouvoir, qu’il exerce autoritairement. Et s’il a pu bénéficier du soutient appuyé de Donald Trump durant quatre ans, Joe Biden dès la campagne présidentielle avait affirmé sa volonté de ne plus fermer les yeux sur ses violations des droits de l’homme. Il avait ensuite rapidement retiré son pays du conflit au Yémen. Vendredi, les services secrets américains ont dévoilé une note de la CIA datant des semaines suivant l’assassinat de Jamal Khashoggi en 2018, qui affirme que MBS aurait « validé » la capture ou le meurtre de ce journaliste dissident à Istanbul- il avait été tué et démembré dans le consulat Saoudien -. Ils estiment que MBS possède un tel contrôle des services secrets Saoudiens qu’il ne peut ne pas être derrière cet assassinat. À l’époque, Donald Trump avait refusé de dévoiler ce rapport, contre l’avis même du Congrès, évitant de blâmer le prince. Joe Biden lui a profité de ce camouflet pour réaffirmer qu’il ne souhaite traiter qu’avec son homologue le roi Salman, qui reste le chef de l’état Saoudien. Les deux hommes se sont ainsi entretenus par téléphone jeudi, une première depuis l’élection du nouveau président américain. Suite à la publication de la note de la CIA, 76 sanctions ont aussi été décrétées, qui épargnent cependant MBS. Le message n’en est pas moins clair : si ce dernier a bénéficié de la complicité de Donald Trump, les États-Unis ne le considèrent désormais plus comme un interlocuteur, et ne cautionnent plus tous ses agissements.

Deux ans après, le Hirak renaît

Manifestants dans les rues d'Alger vendredi

Le Hirak, ce mouvement de contestation né dans l’est Algérien en février 2019 et qui était parvenu à empêcher le président Bouteflika de se présenter pour un cinquième mandat successif, soufflait sa deuxième bougie lundi. Au travers des manifestations hebdomadaires du vendredi notamment, la population Algérienne avait manifesté son aspiration à un système véritablement démocratique et qui ne serait plus corrompu. Mais malgré la force de ce mouvement et ses conséquences politiques concrètes, les aspirations populaires n’ont pas été satisfaites. Abdelmadjid Tebboune, soutenu par les militaires qui ont toujours été bien intégré à ce système rejeté par la rue, a été élu le 19 décembre 2019 lors d’élections largement boycotté, marquant son mandat d’un déficit de légitimité. Malgré ses efforts de présenter son action comme la traduction des aspirations du Hirak, il n’a absolument pas convaincu, comme le prouve encore le taux d’abstention massif (plus de 80%) enregistré par le référendum constitutionnel qu’il a organisé en novembre dernier pour se relégitimer. Un problème de légitimité encore aggravé par sa longue absence en 2020 après qu’il ait contracté le COVID et dû se faire soigner en Allemagne pendant plusieurs semaines. Pourtant, cela faisait des mois que les Algériens ne sortaient plus en masse dans les rues. La faute à une certaine désillusion, et au COVID aussi. Mais le Hirak n’a cessé de couver, et à la faveur de son deuxième anniversaire, il semble avoir de nouveau embrasé la société Algérienne. Lundi, les rues d’Alger et d’autres villes en Kabylie notamment, ont vu affluer une importante foule, alors que le pouvoir venait de libérer une série de prisonniers d’opinions pour désamorcer l’évènement. Vendredi, la foule a de nouveau investi la rue, laissant croire au retour des traditionnelles marches hebdomadaires. Toute cette mobilisation n’a pas vocation à célébrer une date, mais traduit plutôt la volonté pour beaucoup de continuer de réclamer le changement et ne pas se contenter de la situation présente. La force de ce mouvement qui renaît montre la persistance de la contestation et la motivation des Algériens. Cependant, ce second Hirak, pourrait-on dire, fait face à un défi de taille : surmonter l’échec initial en parvenant à traduire concrètement et politiquement l’aspiration populaire au changement. Un défi d’autant plus grand que le pouvoir a bel et bien changé de mains, et ne verra peut-être pas d’un très bon oeil cet embrasement…

Benjamin Milkoff

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