Si en France la rumeur d’un troisième confinement a animé toute cette semaine, et ses modalités généré d’infinies spéculations, d’autres pays se sont embrasés à diverses échelles face aux restrictions décidées par les États. L’exemple des Pay-Bas où ont eu lieu dans de nombreuses villes des manifestations opposées à la mise en place d’un couvre-feu de 21h à 4h30, a fait le tour des JT Européens. Cette mesure, décidée à un moment où les chiffres Néerlandais s’amélioraient après une série de mesures restrictives, a en effet entrainé d’impressionnantes violences durant plusieurs jours, puis des tensions avec les forces de l’ordre à l’heure du couvre-feu. Mais un autre pays a aussi connu des violences, suite à la mise en place d’un confinement cette fois. Il s’agit du Liban, et plus particulièrement de la ville de Tripoli, au nord. Cette ville, délaissée par les politiques publiques, est pauvre, et le pays connaît d’importantes difficultés économiques. Dans ce contexte, un premier confinement avait déjà connu des résistances, en particulier venant des journaliers, qui ne pouvaient renoncer à travailler faute d’aides suffisantes. Mais depuis le nouveau confinement annoncé jeudi 14 janvier, la situation a dégénéré. En effet, des manifestations se sont enchaînées cette semaine, allant croissant dans la violence et les heurts avec les forces de l’ordres, jusqu’au déploiement de l’armée et au recours à des balles réelles. Ces dernières ont entrainé la mort d’une personne des suites de ses blessures, tandis qu’on comptait plus de 250 blessés en quatre jours. Cette ville est habituée à ce que des épisodes de violence éclatent, organisés par différentes composantes du pouvoir, pour faire pression sur le gouvernement et signifier leur mécontentement, mais celui de cette semaine n’occulte pas une véritable colère populaire. En effet, bien que les divers partis Libanais se soient entre-accusés d’être responsables de ces violences, il est indéniable qu’une partie de la population se trouve dans les rangs des manifestants pour protester contre les conditions qui leur sont imposées. À l’heure d’une nouvelle dynamique épidémique causée par les variants du COVID, de plus en plus de pays s’opposent à des résistances des populations contre les mesures de restriction destinées à ralentir la progression du virus.
En Inde, le mouvement de contestation paysan qui campe à l’orée de la capitale Delhi perdure, mais est de plus en plus menacé. Le 12 janvier, la cour suprême avait suspendu les trois lois agraires à la source de la colère paysanne et annoncé la création d’un comité d’experts chargés d’organiser la médiation avec l’État pour sortir de l’impasse. Mais certains y voyaient une manœuvre politique destinée à affaiblir le mouvement, et une manifestation était prévue mardi 26, jour de fête nationale, pour protester. Cette dernière, encadrée par la police, a débordé de son tracé initialement prévu et vu, au terme de heurts avec la police, des paysans prendre le Fort Rouge duquel Jawaharlal Nehru avait déclaré l’indépendance du pays en 1947. Cela s’est déroulé deux heures seulement après la fin du défilé militaire annuel du « Republic day », non loin de là, auquel le premier ministre Modi avait assisté. Un paysan de 25 ans est mort durant la manifestation. Suite à ces évènements, des forces paramilitaires ont été déployées dans la ville et les cortèges de paysans ont été séparés par un encadrement policier accru. La tension est donc montée d’un cran, alors que les violences qui ont eu lieu mardi pourraient discréditer un mouvement paysan encore très soutenu par la population. Malgré tout, la majorité des syndicats paysans ont réaffirmé leur détermination à poursuivre le combat, alors que cela fait plus de deux mois que ces protestataires campent sur la route, en dépit des coups de butoir de l’hiver Indien.

Les manifestants paysans devant le Fort Rouge
Cette semaine a aussi été marquée par une contestation importante du président Bolsonaro. Le week-end dernier, alors que le chef Raoni déposait devant la Cour Pénale Internationale une plainte visant le président pour meurtres, extermination, transferts forcés de population, mise en eslcavage et persécutions contre les autochtones de l’Amazonie, des manifestations étaient organisées par la gauche, mais aussi, le lendemain, par la droite, une première depuis le début du mandat du président, pour protester contre le président. Cette marque de défiance, qui prolonge un sondage récent de l’institut Datafolha montrant que 40% des Brésiliens jugent l’action de Jair Bolsonaro négativement, montre que ce dernier est de plus en plus contesté. Depuis, un nouveau scandale a éclaté cette semaine concernant des dépenses alimentaires du gouvernement en 2020, en hausse de 20%, et qui comptent notamment 2,3 millions d’euros d’achats de concentré de sucre. Ces chiffres ont soulevé des soupçons de détournements de fonds, mais surtout, pour les Brésiliens, dont le pays est très gravement touché par la COVID - plus de 220 000 morts à ce jour - et fait notamment face à une pénurie de bonbonnes d’oxygène primordiales dans la gestion des malades gravement atteints, ces dépenses passent mal. Ultime signe de la position précaire du président, de nombreuses demandes de destitution ont été faites au Parlement en lien avec sa gestion catastrophique de la pandémie. À environ un an de la fin de son mandat, Jair Bolsonaro se trouve donc dans une situation des plus précaires.
Benjamin Milkoff